Sunday, September 03, 2006

Questions générales sur la production en agriculture biologique

Questions générales sur la production en agriculture biologique


Qu'est ce que “l'agriculture” biologique ?


La Fédération internationale des mouvements d'agriculture biologique (IFOAM) décrit l'agriculture biologique comme « un système agricole qui fait la promotion de modes de production équilibré au niveau environnemental, social et économique des aliments, des fibres, du bois etc. Ces systèmes considèrent la fertilité du sol comme une élément clé d'une production réussie. En respectant le potentiel naturel des plantes, des animaux et du terrain, elle vise à maximiser la qualité dans tous les aspects de l’agriculture et de l’environnement.

L’agriculture biologique réduit de manière significative les apports d’intrants en interdisant l’utilisation de fertilisants chimiques de synthèse, de pesticides et de produits pharmaceutiques. Elle permet plutôt aux puissantes lois de la nature d’augmenter les rendements agricoles et la résistance aux maladies.

L’agriculture biologique tient également compte de considérations sociales dans une approche holistique qui reconnaît que les êtres humains sont tout aussi importants que le système biologique.

L’agriculture biologique adhère à des principes mondialement acceptés, qui sont mis en application en tenant compte du contexte socioéconomique, géoclimatique et culturel local . »

Quels sont les principes de base de l'agriculture biologique ?
Les normes élaborées par la Fédération internationale des mouvements d'agriculture biologique (IFOAM) sont constituées des exigences minimales qui doivent être intégralement incluses dans les normes de certification d'un pays ou d'une région membre. Au-delà de ces normes minimales, il existe de légères variations dans les normes mises en place par les organismes de certification oeuvrant au niveau national ou régional. Il est, par conséquent, important que les producteurs contactent leurs organismes de certification locaux.

Les normes internationales découlent de principes tels que :

Favoriser les cycles biologiques au sein de l’organisme agricole, mettant en cause les micro-organismes, la flore et la faune du sol, les plantes et les animaux ;

Renouveler et maintenir la fertilité du sol à long terme ;

Promouvoir un usage sain et le soin approprié des ressources en eau ;

Utiliser des ressources renouvelables dans des systèmes de production organisés ;

Créer un équilibre harmonieux entre la culture et l’élevage ;

Fournir aux animaux d’élevage des conditions de vie qui respectent les aspects de base de leur comportement naturel ;

Offrir aux personnes oeuvrant à la production biologique une qualité de vie qui répond à leurs besoins de base et assure qu’ils tirent des bénéfices adéquats et de la satisfaction de leur travail, incluant un milieu de travail sécuritaire ; et

Avancer vers la mise en place d’une chaîne complète de production, transformation et distribution qui soit à la fois équitable au point de vue social, et responsable au point de vue écologique. (Source : IFOAM)
En quoi les aliments « biologiques certifiés » sont-ils différents des autres aliments « biologiques » ?
La certification veut dire que les aliments ont été cultivés en respectant des normes strictes et uniformes et que cela a été vérifié par un organisme indépendant (consultez nos liens pour obtenir plus d’information sur la manière de trouver les organismes de certification). La certification comprend des inspections des champs et des installations de transformation, la tenue de registres détaillés et des analyses périodiques du sol et de l’eau pour assurer que les agriculteurs et transformateurs respectent les normes.

Qu'est-ce que la certification ?
La certification est une procédure par laquelle un organisme indépendant émet une assurance qu’une ferme ou une installation de transformation a été soumise à une évaluation et respecte les normes de cet organisme de certification. Les organismes de certification sont souvent des organisations de producteurs et peuvent être des entreprises bénévoles ou commerciales. En ce moment, il existe au Canada plus de 40 organismes de certification (pour obtenir plus d’information, consultez nos liens portant sur la certification).

En quoi consiste le processus de certification ?
Initialement, les producteurs qui souhaitent convertir leur ferme d’un mode de production conventionnel à biologique doivent traverser une période de transition (généralement de trois ans) pendant laquelle ils n’utiliseront aucun fertilisant synthétique ni pesticide. La ferme doit faire la preuve que ses pratiques respectent les normes de l’organisme de certification et subir une inspection annuelle faite par un inspecteur appartenant à une tierce partie.

Le producteur doit être prêt à montrer un plan de ferme et connaître l’historique (idéalement, avoir en main des registres) des cultures et des intrants (fertilisants, pesticides, usage d’antibiotiques ou d’hormones de croissance, etc.) des saisons précédentes.

Qu’est-ce que la « transition » ?
La période de transition, appelée conversion en Europe, est un processus au cours duquel la régie d’un système de production agricole conventionnel est modifié pour satisfaire aux normes imposées aux systèmes agricoles biologiques. La période de transition dure généralement trois ans et est souvent très difficile, tant au niveau économique qu’agronomique. Les producteurs en transition n’ont pas le droit de mettre en marché leurs produits comme étant « biologique » et, par conséquent ne reçoit pas de prime (cependant, des marchés s’ouvrent pour les produits en transition). La période de transition est également difficile sur le plan de mauvaises herbes, des insectes et éventuellement du rendement. Établir un système biologique et briser les cycles écologiquement dysfonctionnels de l'agriculture conventionnelle prend du temps.

Existe-t-il une norme nationale pour l’agriculture biologique ?
Les États-Unis possèdent le National Organic Program (NOP), qui a établi des normes biologiques uniformes pour tous les États et exige, par la loi, que quiconque vendant des produits « biologiques » soit certifié par un organisme de certification accrédité. Jusqu'à maintenant, le Canada ne possède pas de normes biologiques obligatoires. L’Office des normes générales du Canada (ONGC) révise actuellement les normes minimales volontaires pour établir les Normes nationales du Canada pour l'agriculture biologique (cliquer ici pour consulter l’ébauche des normes).

Qu’est-ce que l’accréditation ?
L'accréditation est une méthode par laquelle un organisme possédant une autorité (par ex. USDA, IFOAM, CAQ, COABC,) donne une reconnaissance formelle à un organisme de certification particulier de sa compétence pour effectuer la certification des fermes et des installations de transformation.

Quelle est l'importance de l'industrie de l'agriculture biologique au Canada ?
L'agriculture biologique est l’un des secteurs connaissant la croissance la plus rapide de l’agriculture canadienne. En ce moment, il y a, au Canada, environ 2 500 producteurs biologiques exploitant 705 000 acres (285 000 hectares) en production biologique. Selon un rapport de Statistiques Canada publié en 1999, approximativement 4,9 % des producteurs de fruits et légumes au Canada se considèrent comme des producteurs biologiques.

Les sources provenant du secteur prétendent que les recettes des fermes provenant de la production biologique atteignaient près de 600 $ millions en 2000, représentant d’environ 1,5 % des recettes agricoles totales. Les producteurs biologiques sont appuyés par approximativement 150 transformateurs et distributeurs et plus de 45 organismes de certification travaillant à maintenir les normes biologiques. Le Canada est parmi les cinq principaux producteurs mondiaux de céréales et d’oléagineux biologiques qui représentent une valeur estimée de 1$ milliard au niveau de la vente au détail et des services alimentaires, incluant les produits transformés et non transformés. Il est prévu que les ventes canadiennes de produits biologiques au détail passent de 0,7 $ milliard en 1997 à 3,1 $ milliards en 2005, un taux de croissance moyen de 20 % par année. Le gouvernement Fédéral prédit que l'industrie biologique représentera 10 % du marché de détail canadien d’ici 2010. Presque toute la production biologique du Canada est exportée, surtout sous forme de produits céréaliers et d’oléagineux en vrac. Les États-Unis, où une part énorme de la production biologique est transformée et revendue sur d’autres marchés, sont le plus grand marché d’exportation pour une grande part des aliments biologiques produits au Canada, suivis par l'Union européenne et le Japon. Les provinces de la Saskatchewan, de l’Ontario, du Québec et de la Colombie-Britannique sont les principaux exportateurs.
(Source : Gouvernement du Canada)


Existe-t-il un organisme international qui chapeaute l'agriculture biologique ?
Fondée en 1972, la Fédération internationale des mouvements d'agriculture biologique (IFOAM) est l'organisme international qui chapeaute l'agriculture biologique. L’organisme réunit 750 organisations et institutions membres dans 100 pays à travers le monde.

Pourquoi les produits biologiques coûtent-ils plus cher ?
Nombreux sont ceux qui défendent le point de vue que le coût des aliments biologiques reflète le vrai coût des aliments, lorsque qu’on tient compte des facteurs socioéconomiques et écologiques relatifs à la production des aliments. Néanmoins, voici plusieurs raisons plus directes qui expliquent pourquoi les aliments biologiques coûtent plus que les produits conventionnels similaires :

L’offre de produits alimentaires biologiques est limitée comparativement à la demande et, par conséquent, les détaillants prennent souvent des marges bénéficiaires très importantes (fournir un lien vers notre site d'étude de marché).
Les coûts de production des aliments biologiques peuvent être plus élevés à cause de dépenses plus importantes (notamment la main-d’œuvre, les aliments, etc.) Par exemple, sans l'usage d'hormones de croissance les poulets ou bovins peuvent prendre plus longtemps pour atteindre leur poids d’abattage. Aussi, les coûts de production peuvent être plus élevés que ceux des producteurs conventionnels parce qu’ils ne bénéficient pas des mêmes économies d'échelle qui peuvent limiter les coûts. Les fermes biologiques sont généralement plus diversifiées que les fermes conventionnelles.
L'infrastructure pour la conservation et la transformation après récolte en est encore à ses premiers balbutiements en comparaison de ce dont bénéficie le marché conventionnel. L’isolement obligatoire des produits alimentaires biologiques implique souvent que les produits biologiques doivent être transportés sur de plus grandes distances pour atteindre les installations de traitement des céréales, les laiteries ou les abattoirs qui sont certifiés pour la transformation biologique.
De même, la commercialisation et la distribution des produits biologiques sont sous-développées et ces responsabilités reposent sur les épaules de l’agriculteur biologique.
Comme l'industrie biologique continue à croître (et à profiter de recherche et de développement), les coûts de production devraient diminuer et la transformation, la distribution et la mise en marché d’aliments biologiques devrait évoluer.

Les aliments biologiques sont-ils plus « sains » que les produits conventionnels ?
Il est difficile de donner une réponse définitive à cette question. En ce moment, il n'y a pas eu d’étude complète pour comparer les aliments produits de manière biologique aux aliments conventionnels (et il est peu probable qu'il n’y en ait jamais. Cela est principalement dû à la diversité des variables propres à une telle étude (comme la variété de la production, le mode de récolte, la régie, le type de sol, etc.) Si nous interprétions plus « sain » d’une manière plus large pour inclure l'environnement, le bien-être animal, l’économie rurale et la santé de la main-d’œuvre agricole, alors il ne fait aucun doute que les modes de production biologiques sont plus « sains » que leurs contreparties conventionnelles.

Lien vers l’article Manger biologique réduit la charge de pesticides des enfants.


Les aliments biologiques sont-ils exempts de pesticides ?
En dépit de l’interdiction d’utiliser des pesticides synthétiques, il y a certains cas où les résidus de pesticide se retrouvent sur les fermes biologiques, sont transportés des fermes conventionnelles avoisinantes ou même provenant de résidus de pesticides interdits depuis longtemps présents dans l'atmosphère ou le sol. Cependant, plusieurs études indiquent qu’il est beaucoup moins probable que les aliments biologiques contiennent des résidus de pesticide que les aliments conventionnels. (Voir l’article ci-dessus)

Les aliments biologiques sont-ils moins sûrs que les produits conventionnels ?
À mesure que la demande des consommateurs pour les aliments biologiques augmente, leur valeur sera davantage soumise à un examen minutieux de la part du public et de la presse. Les récents rapports prétendant qu’il est plus risqué que les aliments biologiques soient contaminés par les bactéries E. Coli sont faux et trompeurs. Ces prétentions sont basées sur la pratique commune d’utiliser du fumier frais pour fertiliser les cultures d’aliments. Oui, les agriculteurs biologiques ont le droit d'utiliser du fumier sur leurs fermes, mais en observant des règles strictes. Par exemple, tous les organismes de certification prétendent que le fumier frais peut être utilisé uniquement à condition que cela se fasse au moins 90 jours avant la récolte. Les producteurs conventionnels utilisent également le fumier, mais ne sont pas soumis à de telles règles. Les agriculteurs biologiques font généralement composter leur fumier, et il a été démontré que cette méthode réduit la présence de pathogènes de manière importante.

Où puis-je acheter des aliments biologiques certifiés ?
Il y a seulement quelques années, on pouvait trouver les aliments biologiques seulement dans les magasins d'aliments naturels et les marchés de producteurs. Cependant, l’augmentation de la demande des consommateurs a suscité la présence d’aliments biologiques sur les rayons de la plupart des épiceries et de plus en plus de restaurants recherchent des produits biologiques pour leurs menus. Beaucoup de producteurs biologiques certifiés comptent toujours sur la commercialisation directe à la ferme ou dans les marchés de producteurs locaux. Les groupes de promotions des produits biologiques régionaux (ACORN, OPAM, COABC, SOD, etc.) et d’autres organisations (Equiterre, Knives and Forks, etc.) possèdent des listes d’agriculteurs et de producteurs qui peuvent réunir producteurs et consommateurs. Les consommateurs doivent être aussi conscients qu'il y a beaucoup d’organisations faisant la promotion de l’agriculture soutenue par la communauté (ASC) grâce auxquels les consommateurs achètent des parts annuelles dans une ferme et reçoivent en retour un approvisionnement hebdomadaire de produits biologiques.

Les aliments biologiques sont-il exempts de modifications génétiques (MG ou OGM) et d’irradiation ?
Toutes les normes biologiques interdisent l'usage de produits issus du génie génétique en agriculture biologique (par ex., les semences, inoculants, etc.). Cependant, la circulation des transgènes provenant des exploitations conventionnelles augmente la probabilité de contamination par les OGM. De même, l'irradiation n'est pas permise en agriculture biologique.

Où puis-je en apprendre davantage sur l'agriculture biologique ?
Le CABC, en collaboration avec le CANE offre présentement quatre cours d’agriculture biologique sur le Web qui s’adressent autant aux étudiants universitaires de premier cycle et aux personnes qui sont uniquement intéressées à en apprendre plus sur la science et la pratique de l'agriculture biologique. Le CABC travaille avec d’autres universités à travers le Canada et offrira plus de cours dans un avenir rapproché. Plusieurs réseaux biologiques régionaux (ACORN, OPAM, COABC, SOD, EFAO etc.) offrent également des ateliers d’un jour ou d'une semaine pendant toute l'année. Les rencontres de producteurs et les journées porte ouverte offrent aussi des occasions de parler avec des producteurs biologiques et d’en apprendre davantage sur leur travail.